Saturée, la SPA brandit le risque d'euthanasie
Le refuge de Mornac est plein à craquer. Il ne peut plus accueillir de nouveaux chiens en fourrière, qui risquent d'être euthanasiés. Les bénévoles de la SPA espèrent sensibiliser des familles d'adoption.
Toutes les places disponibles à la SPA sont prises. Les nouveaux arrivants risquent l'euthanasie en fourrière. Photo Majid Bouzzit
"Si dans huit jours, nous n'avons pas eu d'adoption pour libérer des places, ce sont douze chiens qui viennent d'être mis en fourrière qui sont condamnés à mort." Nadine Boissout, la présidente de la SPA du refuge de Mornac, a fait les comptes et lance un cri d'alarme. La fourrière de Viville vient de la prévenir qu'elle a récupéré il y a deux jours quatorze chiens abandonnés sur la voie publique. Or, sur les cent box de deux places dont elle dispose au refuge, il ne lui en reste qu'un de disponible.
«Si nous n'avons pas la possibilité de les prendre d'ici là, la fourrière sera obligée de les euthanasier», souligne Patricia Renaudet, la secrétaire du refuge pour qui cette issue fatale est une première : «Depuis trois ans que nous avons repris avec Nadine la gestion de ce refuge, nous sommes toujours parvenues à éviter le pire. Cette fois, on ne voit pas comment faire si des adoptants ne répondent pas à notre appel.» La SPA est dos au mur. Le refuge d'Ars, près de Cognac, est saturé, celui de Limoges aussi. Les cinq familles d'accueil temporaire qui délestent temporairement le refuge sont elles aussi au complet.
198 chiens au refuge
Une situation d'autant plus inquiétante pour la SPA qu'elle s'inscrit dans un contexte difficile. «Nous sommes dans l'impasse. Depuis septembre, il y a une recrudescence des abandons et surtout une chute des adoptions», confie Nadine Boissout. Si elle parvient à redresser la barre financière du refuge, elle se dit victime d'un effet ciseaux durable. «Au lendemain du week-end portes ouvertes qui traditionnellement donne de l'air au refuge, seulement quatre familles ont pris un chien. En tout, nous avons dix familles qui ont un chien à l'essai et qui peuvent nous les retourner.»
Avec 198 chiens sur les bras, le refuge de Mornac ne sait plus à quelle porte frapper pour trouver des solutions. «Nous avons six salariés qui prennent soin de ces chiens pour qu'ils soient en bonne santé pour pouvoir être adoptés et trente bénévoles qui tous les week-ends viennent promener les chiens pour qu'ils restent sociables, plaide Patricia Renaudet. Elle ne veut pas avoir à trancher sur qui euthanasier. Nous avons des chiens qui ont sept à dix ans de refuge dans les pattes. Ce n'est pas parce que les adoptants préfèrent des jeunes chiens que nous devons les sacrifier au profit de nouveaux arrivants. Nous avons des terrains au refuge où l'on pourrait doubler la capacité d'accueil. Ce qui nous manque, ce sont les moyens».
Si Didier Jobit, le président du syndicat départemental de la fourrière qui regroupe 390 communes du département, partage le refus de tuer les chiens, en revanche, l'augmentation de places ne changerait pas le problème selon lui. «Nous allons tout mettre en oeuvre pour éviter la mort de ces chiens, affirme l'élu qui ne veut pas être pris en otage. Il y a trois ans nous avons financé avec le conseil général la création de 50 box supplémentaires à Mornac, et sur nos 200.000 euros de budget, nous lui versons 30.000 euros par an pour fonctionner. On ne peut pas faire plus. La seule solution dans cette société de consommation est d'appeler à la raison ceux qui croient acheter une peluche et finissent par abandonner leur chien avant les vacances ou parce qu'ils arrêtent la chasse».
Un voeu pieu qui manifestement n'est pas entendu. Il faut dire qu'à raison de 130 à 190 euros de frais d'adoption par chien, la priorité des dépenses est ailleurs à la veille de Noël. Avec moins de trois adoptions par semaine, le refuge de Mornac a sans doute raison d'avoir peur des abandons qui risquent encore de s'accroître après les fêtes.
Vers un retour à l'équilibre
Après la tempête des années 2006, le refuge de Mornac a retrouvé des couleurs financièrement. Contrairement à l'autre refuge charentais situé à Ars, en pleine tourmente, la nouvelle direction de Mornac a réussi à assainir les comptes et rassurer les collectivités qui le financent. «Quand nous sommes arrivés aux commandes, le déficit était de 100.000 euros, explique Kathia Amirault-Faury, la trésorière de la SPA, nous l'avons ramené à 36.000 euros en 2009 et nous devrions être à l'équilibre en 2010.» Pour faire face à ses charges (six salariés et l'alimentation de 200 chiens et 100 chats), la SPA, en plus des 60.000 euros de recettes propres tirées des adoptions, touche 46.000 euros du conseil général, 30.000 euros du syndicat départemental de la fourrière, 19.000 de la Comaga, 9.000 de l'association 30 millions d'amis et 20.000 euros en moyenne de dons annuels.